PLUMES & IMAGES, Festival de cinéma

PLUMES & IMAGES, Festival de cinéma

Samedi 4 novembre 2023

au Petit Kursaal à Besançon, à partir de 14 h


Cinéastes autochtones : la souveraineté culturelle en action

« Depuis plusieurs décennies, les peuples autochtones de par le monde exigent le respect de leur droit à l’autoreprésentation et à l’expression directe, selon leurs propres termes. L’histoire longue et tumultueuse de la représentation des peuples autochtones à l’écran est l’histoire d’un art en mouvement et d’une lutte pour reconquérir une identité, pour filmer et diffuser ses propres histoires afin de rétablir des vérités et de s’octroyer le droit à l’imagination créative et innovante… »

Sophie Gergaud (notre complice dans ce festival)

Pour mener à bien les objectifs de l’association, à savoir faire connaître et reconnaître les premiers habitants des Amériques, nous avons décidé depuis maintenant une dizaine d’années, de présenter des films, écrits, réalisés et interprétés par des autochtones.

Au programme cette année, ce sont deux conférences et un film :

  • 14 h 30 – 16 h 30 : Conférence de Trayenko Gnen Liff Paillalef, femme médecine Mapuche, avec pour support un court documentaire
  • 17 h – 19 h : Conférence de Laurent Olivier, archéologue et auteur du livre « Ce qui est arrivé à Wounded Knee »
  • 20 h – 23 h : « War Pony », 1er film de Gina Gammell et Riley Keough, Caméra d’Or 2022 au festival de Cannes, Prix du jury 2022 au festival de Deauville suivi d’un échange avec le public animé par Fabienne Droz de l’association Four winds.

L’occasion de découvrir la culture Mapuche ainsi que les évènements de Wounded Knee dont on fête cette année le 50ème anniversaire de l’occupation.


L’association remercie ses partenaires pour l’édition 2023 : l’association « De la plume à l’écran » ainsi que la librairie « Les Sandales d’Empédocle » à Besançon


Retrouvez ci après plus de détails sur les propositions de cette nouvelle édition de Plumes et Images !

La culture Mapuche

Le peuple Mapuche est l’un des principaux peuples autochtones de l’Amérique latine. Ils vivent depuis des temps immémoriaux sur les terres de la Patagonie mais en furent dépossédés au moment de la conquête espagnole et plus encore au XIXe siècle face aux nouvelles nations indépendantes de l’Argentine et du Chili.

Dans le sud du Chili, depuis 200 ans, les Mapuche dénoncent « l’accaparement » et la vente de leurs terres ancestrales par l’État.

Le peuple Mapuche est la principale ethnie autochtone du pays à laquelle s’identifient deux millions de chiliens.  L’état s’accapare leur territoire et le revend à des millionnaires.  Des îles entières sont ainsi cédées illégalement. Ces transactions pour millionnaires ne sont que la partie visible d’un problème, hélas !, bien plus large. 

« Au Chili, toute la terre peut être achetée ou vendue »

Contraint de composer avec l’extrême droite après avoir incarné l’espoir du changement, le chef de l’État Gabriel Boric (gouvernement de gauche) s’évertue à donner des gages à chacun dans une difficile tentative d’équilibre démocratique.

Le peuple Mapuche se bat depuis des siècles. D’abord contre le colonisateur espagnol puis, au début du XIXe siècle, contre l’État chilien. Entre 1866 et 1927, les Mapuche ont été dépossédés de 95 % de leurs terres, parqués dans des réserves et soumis à une assimilation forcée. Un processus de ­colonisation qui a continué, voire empiré sous le régime de Pinochet.

La lutte est tenace pour la récupération de leur territoire ancestral, le Wallmapu, comme pour leur droit à l’autodétermination en termes de langue, de culture et de mode de vie.

L’emprisonnement des militants indiens reste toujours l’un des nombreux outils utilisés par l’arsenal de contre-insurrection de l’État chilien.

Trayenko Gnen Liff Paillalef, femme médecine Mapuche, sera présente pour répondre à toutes vos questions sur son peuple et sa culture.

Wounded knee

« Quand j’ai eu l’occasion d’aller dans les réserves sioux, je me suis aperçu qu’un nom revenait sans cesse, celui de Wounded Knee, et que le massacre de 1890 était un traumatisme toujours vif, ainsi qu’un levier pour les luttes. Je me suis dit que j’avais là, à propos du monde amérindien, qui me passionne depuis l’enfance, un terrain formidable pour une enquête sur la manière dont la question mémorielle se noue avec les enjeux les plus contemporains ».

Laurent Olivier

Big Foot est devenu chef des Miniconjous à la mort de son père Lone Horn en 1874.

Après l’assassinat de Sitting Bull, le 15 décembre 1890, Big Foot  et sa tribu vont quitter leur réserve dans l’espoir de rejoindre la tribu des Sioux Oglalas de Red Cloud. Le but étant de retrouver de nombreux adeptes de la religion interdite desGhosts Dancers (« Danse des Esprits »). Big Foot et les siens vont parcourir 250 km de terres désolées en plein mois de décembre. Il va lui-même contracter une pneumonie.

Le 28 décembre ils sont rejoints par le 7ème de cavalerie. Big Foot, affaibli, décide de camper à Wounded Knee et de se rendre. Au matin du 29, lors du désarmement de la tribu, un incident minime va dégénérer en fusillade générale. 300 membres de la tribu Miniconjous, y compris femmes et enfants (ainsi que Big Foot lui-même), seront massacrés sur place. 25 soldats auraient été tués (et 39 blessés) peut-être par les feux croisés de leurs propres mitrailleuses « Gatlin ».

Laurent Olivier, vous donnera tous les détails sur ce terrible épisode.

photo d’archive

Réserve de Pine-Ridge

Wounded Knee est devenu un symbole pour les activistes déterminés à exhiber les stigmates infligés aux peuples natifs. En 1973, l’AIM (American, Indian Movment) choisit symboliquement la localité de Wounded Knee pour un mouvement de désobéissance civile : l’occupation du poste d’entrée de la réserve.

En 1990, le Congrès des États-Unis présente officiellement ses excuses pour le massacre.

La grande Nation Lakota est cantonnée dans des réserves. Pine-Ridge est la pire d’entre elles. Ici, les Lakota ont perdu progressivement leurs bisons, leurs terres, leur religion et leur dignité. Tandis que les femmes travaillent dans les villes proches de la réserve pour permettre à la famille de vivre les hommes restent inoccupés (80% sont chômeurs), déshonorés et perdus. Leur inactivité a des effets secondaires multiples : alcoolisme, addiction à la drogue, dépression, violence et incarcération.  Les enfants connaissent l’abandon ou (et ce n’est pas mieux) des pères absents, violents et ivrognes. Et il est facile de comprendre la délinquance ordinaire de beaucoup de jeunes.

War Pony

Ce film décrit le quotidien difficile dans la réserve indienne de Pine Ridge. Il nous permet de suivre le parcours de deux jeunes garçons de la tribu Oglala Lakota qui se démènent pour s’en sortir.

Bill, 23 ans, cherche à couvrir ses besoins à tout prix. Matho, 12 ans, est impatient de devenir un homme. Liés par un même combat ils tentent, dans une société qui ne les aide pas, de réaliser leurs rêves.

War Pony est petite pépite du cinéma indépendant couronnée en 2022 par la caméra d’or à Cannes et le prix du jury à Deauville. Une aubaine pour le duo de réalisatrices de ce premier long métrage poignant.


Les premières nations au cinéma

Hollywood, avec ses westerns à partir des années 1930, a exploité à l’extrême l’image de l’Indien et l’a fait évoluer au gré des cinéastes, de la volonté des producteurs et de la demande du public. Nous avons eu droit à un indien totalement imaginaire, le plus souvent sanguinaire et très loin de la vérité.

Un changement dans l’histoire du cinéma a commencé à s’opérer en 1990, avec la production de « danse avec les Loups » (le film aux 7 oscars) par Kevin Kostner . Un cinéma souhaitant montrer une vision plus réaliste de l’histoire amérindienne sans toutefois totalement y parvenir.

Ce changement débouchera ces dernières années sur un nouveau cinéma. Les producteurs et artistes autochtones vont réaliser leurs propres films, et y raconter leurs vies d’aujourd’hui et non pas des fantaisies mensongères très loin de toutes réalités.

Ce sont ces productions contemporaines hyperréalistes que nous présentons à notre public, toujours suivies de débats.